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Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/386

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et, si on l’a, peut-on l’exercer, dans le monde absurde où nous vivons, toi et moi ? Non ! on appartient à une caste, à un rocher qui vous écrase à jamais la poitrine. Les devoirs du rang, les convenances ! Avec ces mots-là, on violente vos sentiments ou on pervertit vos idées ! Je veux que mon fils soit affranchi de ces liens irritants, puérils ! Je veux que le travail soit un levier dans sa main vigoureuse, et non un boulet rivé à son pied meurtri. Je veux qu’il se sente l’artisan de son avenir et le maître de sa vie ; et, le jour où son cœur parlera sérieusement, je veux qu’il puisse épouser une paysanne, une servante si bon lui semble ! sans que personne vienne lui dire : « Halte-là ! le sang des Villemer coule dans tes veines et te force à réunir deux blasons au lieu d’associer deux âmes ! » et sans que la femme aimée, sourde à son sanglot, lui dise qu’elle met sa gloire et sa vertu à le repousser !… Laisse-moi finir ! Il faut que j’épouse une héritière, n’est-ce pas ? mais je peux mourir auparavant. Songeons à mon fils. Voici mes dispositions pour le présent et l’avenir ; voici le nom qu’il porte, celui de l’endroit où il est, le titre qui te servirait à le réclamer si… Serre ces papiers, me voilà plus tranquille.

LE DUC.

Non, tu es fort troublé ; mais compte sur moi. (Serrant les papiers.) Ceci est sacré.

URBAIN.

Merci !

LE DUC.

Viens chez ma mère ; elle aussi se tourmente, je parie !

Il remonte.
URBAIN.

Je te suis.

LE DUC, revenant.

Ah çà ! dis-moi donc, est-ce qu’une autre affection… ?

URBAIN.

Moi ? Il s’agit bien de ça ! Il s’agit d’attendre l’esclavage