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Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/396

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CAROLINE.

Et quand je dis quatre… j’en ai cinq ; car leur mère, bien qu’elle soit mon aînée, est mon enfant aussi. Or, si j’étais mariée, ce serait pour rassembler ma couvée autour de moi ; voyez-vous d’ici l’heureux mortel chargé de nourrir et de soigner tout cela !

LE DUC.

Mais, en ne vous mariant pas, vous êtes séparée de cette chère couvée, et je ne vois pas ce que vous y gagnez. URBAIN, à Caroline. Que répondez-vous ?

CAROLINE.

Vous voulez que je parle encore de moi ? Ce n’est guère intéressant !

LE DUC.

Si fait !

CAROLINE.

Eh bien, mon rêve, c’est d’amasser quelque chose pour le plus jeune de mes neveux ; les autres seront casés dans quelques années ; mais le dernier, le plus faible… Ah ! si vous le connaissiez ! Un amour ! Si doux, si caressant, si drôle ! (Elle rentre ses larmes.) Mais non, les hommes ne comprennent pas ça, qu’un enfant remplisse tout le cœur et toute la vie d’une femme ! ils n’y croient pas.

URBAIN, ému.

Pardonnez-moi, mademoiselle de Saint-Geneix ; je comprends cela, moi !

LE DUC.

Alors, tu encourages mademoiselle de Saint-Geneix à ne pas vouloir se marier ?

URBAIN, bas.

Nous sommes indiscrets ; nous avons rouvert une blessure, c’est mal ! Allons, viens-tu chez moi ?

LE DUC, de même.

Non pas, elle est émue, je veux lui parler.