Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/466

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avoir vaincu ma fierté, on me fait comparaître devant un tribunal, on m’interroge, on m’interprète, on scrute les pensées qu’on m’attribue, et l’on me jette à la tête de celui dont on me suppose éprise ! et cela, parce qu’on ne daigne pas supposer que je puisse avoir un service à rendre en secret, un devoir à remplir, un chagrin à épargner ! (Fondant en larmes.) C’était pourtant bien simple à se dire. Ah ! gardez vos réparations et rendez-moi ma liberté. Je ne demande pas que l’on me dédommage et que l’on me console ; je demande que l’on m’oublie.

URBAIN.

Ah ! si votre orgueil est légitime, il est impitoyable… Je le disais bien, qu’on ne pouvait pas m’aimer.

Il s’appuie derrière sa mère, sur le dos du canapé.
CAROLINE.

Mon Dieu !

LA MARQUISE.

Mademoiselle de Saint-Geneix, vous avez raison contre moi ; j’ai oublié que le malheur noblement accepté est le premier des titres au respect. Ne me pardonnez donc pas. Mais voyez le désespoir de mon fils, et soyez grande ! Sacrifiez-lui votre fierté !… Voyons, Urbain, elle veut que je me mette à genoux ? Aidez-moi, mon fils !

Elle se lève.
CAROLINE, vivement.

Non !

LE DUC, à sa mère.

Oh ! ma mère, pas cela ; vous ne la connaissez pas.

LA MARQUISE.

Caroline ! ma fille, je t’en prie.

Elle retombe sur le canapé.
CAROLINE, tombant à ses pieds.

Oh ! ma mère !

URBAIN.

Oh ! mon Dieu !