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Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/78

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LA HYONNAIS.

Vous m’évitiez aussi tout à l’heure ! Si je ne m’étais attaché à vos pas…

HENRI.

Eh bien, il est vrai ! Je crains vos conseils, vos idées. Pourquoi êtes-vous dans ce pays-ci encore une fois, et justement quand j’y reviens ?… Vous ne me répondez pas ?… Vous cherchez un nouveau prétexte, et vous ne savez pas mentir ! Tenez, monsieur de la Hyonnais, je viens de passer deux mois dans un orageux tête-à-tête avec le marquis de Trégenec. Je l’ai pressé de questions, je l’ai irrité, il a perdu la tête ; son aversion, son ressentiment, l’ont emporté sur la prudence… Dans un accès de colère, il m’a tout dit !

LA HYONNAIS.

Il vous a dit… ?

HENRI.

Je sais tout !… Vous aussi, vous savez… Mais ne parlons jamais de cela.

LA HYONNAIS.

Henri !… ma conduite a dû vous prouver que je me faisais une loi sacrée du silence.

HENRI.

Votre conduite… oui, je la comprends maintenant. Jacques de la Hyonnais, c’était donc réellement de l’amitié pour moi ?

LA HYONNAIS.

Quelle soit fondée sur un instinct secret ou sur une supposition romanesque, ma sollicitude pour vous, Henri, est réelle et profonde.

HENRI.

Jacques !… Ah ! tenez !… (Se jetant dans ses bras.) Aimons-nous ! Il faut que je sois aimé de quelqu’un, moi !… Moi qui viens d’être à jamais banni du toit paternel, j’ai besoin d’un cœur pour y répandre le mien !… Autrement, je sens que je suis perdu et que je vais être seul au monde !…