Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/145

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CHRÉMYLE.

Parlez-moi honnêtement, et dépêchez-vous.

MERCURE.

Je viens ici par l’ordre du sénat…

CHRÉMYLE, vivement.

Je n’ai rien fait de mal ; je n’ai rien à démêler avec les magistrats de la ville.

MERCURE.

Qui t’accuse d’aucun mal ? Tu es bien craintif !

CHRÉMYLE.

Je ne suis pas craintif ; je ne crains personne, entendez-vous !

MERCURE.

C’est à toi d’entendre ce qui m’amène. Je suis le héraut chargé de publier la guerre dans les campagnes.

CHRÉMYLE.

Par tous les dieux. ! c’est là quelque chose de neuf ! Voilà plus de cinq ou six olympiades que nous avons la guerre avec tous les voisins, et tu penses que nous l’ignorons, nous qui nous en sommes tant ressentis !

MERCURE.

La république veut vous en dédommager en forçant par de nouveaux combats les ennemis à demander la paix. Elle, vient d’équiper une nouvelle flotte et réclame le concours de tous ses citoyens.

CHRÉMYLE.

On veut que je fasse la guerre ? Je refuse ; je ne suis pas citoyen, moi ! Je ne suis pas même chevalier ! J’appartiens à la classe des habitants libres, je suis d’origine béotienne. Je n’ai jamais été molesté par ces gens de Lacédémone, je ne leur veux aucun mal, et enfin je n’aime pas à me battre. Retire-toi et me laisse achever mon repas.

MERCURE.

Attends-un peu, ô sage et prudent vieillard : tu n’es plus d’âge à porter l’aigrette et la gorgone ; mais n’as-tu pas des fils ?