Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/276

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NANNI.

Ah ! vous allez les faire jouer ?

PÉRÉGRINUS.

Non, je ne saurais pas. Je n’ai jamais eu d’esprit, moi. C’est lui qui savait, le parrain ! Il nous jouait des scènes où il se moquait de nous en nous contrefaisant pour nous montrer nos défauts et nos ridicules, (Il tire une marionnette de la boîte.)

NANNI.

Ah ! qu’est-ce que c’est que celle-là ?

PÉRÉGRINUS.

C’est lui ! c’est une figure faite par lui à sa ressemblance et habillée comme il s’habillait.

NANNI, qui l’a suivi, prenant une autre marionnette.

Et ce petit-là si gentil ?

PÉRÉGRINUS.

Ce petit-là, c’est moi… jadis ! Il y en a bien d’autres ; mais laissons-les dormir dans leur boîte, puisque le bon magicien n’est plus là pour leur rendre le mouvement et la parole. (Revenant avec le théâtre.) Quant au théâtre…

NANNI, très-enfant.

Ah ! qu’il est joli ! tout doré autour !

PÉRÉGRINUS, attendri.

Bonne Nanni ! Ce jouet-là est le seul que Max ne m’ait pas cassé dans notre enfance ; aussi je le mets tous les ans ici en évidence, pour moi seul, (Il place le petit théâtre sur le poêle.) Avec l’arbre… ici (Il place l’arbre à côté du poêle), afin que tout me rappelle autant que possible la dernière fête de mon vieux ami !… Mais, aujourd’hui, je ne suis pas seul, mademoiselle Lœmirt, puisque vous avez la… complaisance de prendre part à mes sentiments, à mes souvenirs, à ma folie peut-être !

NANNI.

Je ne vois pas là de folie, monsieur Tyss, et la preuve,… c’est que j’ai retenu un compliment de fête que ma grand’mère m’a appris pour la circonstance.