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Scène II

MARIELLE, ERGASTE, FLORIMOND, DESŒILLETS.
MARIELLE.

Eh bien, qu’y a-t-il, père Desœillets ?

DESŒILLETS.

Je viens humblement prendre congé de Vos gracieuses Seigneuries et les remercier de toutes les faveurs dont elles m’ont accablé durant leur séjour en cette ville.

FLORIMOND.

Je ne veux point de part en tes remercîments, car je t’ai toujours traité avec le peu de faveur que tu mérites.

DESŒILLETS.

Le badin ! (À Marielle.) Puis-je vous dire deux mots, monsieur Marielle ? (Il l’emmène sur le devant du théâtre.) Je suis fort à plaindre, mon bon monsieur : cinq enfants à nourrir, une femme toujours malade, quasi idiote…

FLORIMOND, qui est derrière lui et l’écoute.

Et une soif désespérée.

DESŒILLETS, surpris et à part.

Aie ! (Haut.) Le rieur ! (Il emmène Marielle un peu plus loin.) Vous allez en France, mon cher monsieur ; s’il vous était possible de m’y trouver un mince emploi en quelque théâtre de province ; vous savez, je suis bon à tout, moi !

FLORIMOND, qui l’a suivi.

Oui, né à toutes choses, comme on dit, c’est-à-dire propre à rien.

DESŒILLETS.

Mon Dieu, qu’il est gai ! (À Marielle.) On peut m’éprouver comme régisseur, copiste, souffleur ; au besoin, je double un petit rôle, je suis un peu poëte, musicien et machiniste ; j’ai là de bons certificats où l’on me donne les qualités de harpeur, arithméticien et homme de lettres-écrivain. Je suis un