Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/106

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n’est pas servie comme il faudrait. Ça n’a jamais bien marché dans son château depuis la mort de son mari. Les vieux domestiques étaient pour la fille aînée. Elle a dû les mettre tous à la porte ; mais ils ont laissé dans les environs leur mauvais esprit et leurs méchants propos, et elle a beau prendre ses gens à Paris, au moindre mécontentement ils deviennent insolents et ils parlent à Ninie de sa sœur Marie, chassée et enfermée au couvent à cause d’elle. Tout cela trouble la tête de l’enfant, et dans la dernière absence que la comtesse a été obligée de faire, on en a beaucoup trop dit à la petite, qui en a pris du chagrin et s’est montrée très-indocile quand sa mère est revenue. Il paraît aussi que les voisins de madame de Nives ne sont pas tous bien pour elle. Elle n’a plus de parents, pas de famille ; elle est vraiment à plaindre. En écoutant ses ennuis, qui me faisaient de la peine, il m’est venu à l’idée de lui proposer de garder la petite. — Si sa bonne a des intrigues, lui ai-je dit, vous ne pouvez plus la lui confier. Donnez-la-moi ; vous savez qui je suis et avec quelle douceur j’ai élevé mon fils et deux autres pauvres chéris que j’ai perdus. Vous dites que vous serez absente huit jours tout au plus. Qu’est-ce que c’est pour nous de garder un enfant huit jours ? Ce sera une joie pour moi. Chargez-moi de congédier votre mauvaise bonne quand elle revien-