Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/111

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a que des poules, des chiens et des chats ; mais maman ne veut pas que je joue avec, parce qu’elle ne veut pas que je me salisse et que je me déchire. Moi, tu comprends, ça me fâche, parce que j’aime beaucoup les bêtes. Maman me gronde de les aimer, parce qu’elle est avare.

— Avare ? Qu’est-ce que cela veut dire, ce mot-là ?

— Ah ! dame ! je ne sais pas, moi ! c’est les domestiques qui l’appellent comme ça, parce qu’elle les gronde toujours.

— C’est un vilain mot. Il ne faut jamais répéter les mots qu’on ne comprend pas. Je suis sûr que votre maman vous aime beaucoup et qu’elle est très-bonne avec vous.

— Elle n’est pas bonne du tout. Elle me fouette et elle me tape, et je ne m’amuse que quand elle n’est pas avec moi.

— Et vous n’avez pas de frères, pas de sœurs ?

— J’ai une grande sœur bien bonne ; je voudrais toujours être avec elle.

— Toujours ?… Est-ce que vous la voyez souvent ?

— Non, elle est en prison dans un couvent. Je l’ai vue… c’est-à-dire j’ai vu son portrait ; elle, je crois bien que je ne l’ai jamais vue.

— Alors vous ne savez pas si elle est bonne.

— Ma nourrice et la vieille jardinière m’ont dit qu’elle était en prison pour ça.