Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/151

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au haut du mur et voyant un tas de paille, je m’y suis laissé tomber. C’est alors que, courant à la palissade, j’ai vu votre cigare briller dans l’obscurité, et vous en avez, à plusieurs reprises, tiré assez de bouffées lumineuses pour que j’aie compris que vous étiez là et que vous me voyiez. Quelle terreur j’ai eue en vous voyant descendre si hardiment par la fenêtre ! Enfin vous voilà, et ma nourrice m’abandonne ! Ce que vous me dites de sa cupidité m’afflige sans m’étonner beaucoup. Elle ne m’a jamais demandé d’argent, elle savait que je n’en avais pas ; mais elle savait aussi que j’en aurais un jour, et elle m’a fait comprendre souvent qu’elle avait droit à ma reconnaissance. Je ne suis pas disposée à l’oublier et je ne marchanderai pas avec elle ; mais, à partir d’aujourd’hui, je n’accepte plus ses services, et je la chasserai, si elle parvient à nous rejoindre.

» — Il ne faut pas qu’elle y parvienne ! Fiez-vous à moi pour rendre les recherches impossibles. Pourtant si, par miracle, elle vous retrouvait, ménagez-la et feignez d’ignorer ce que je vous ai dit ; autrement elle courrait vous dénoncer.

» Arrivés à Paris sans encombre, nous nous réfugiâmes dans le logement de Jules Deperches, mon meilleur ami là-bas, que j’avais depuis longtemps prévenu d’être prêt à me ren-