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Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/169

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son bras, faire un tour de jardin. Vous faites grand feu pour la saison, mesdames, et on étouffe ici.

— Voyons, qu’y a-t-il de nouveau ? dis-je à mon grand enfant de neveu quand nous fûmes seuls. Tu me parais tout à fait battu de l’oiseau.

— Battu à fond, battu à mort, mon bon oncle ! Je vous le disais bien, Henri va sur mes brisées. Il y a rendez-vous tous les soirs à la tour de Percemont.

— Qui t’a dit cela ?

— J’ai vu, j’ai épié, j’ai suivi. Ce soir encore…

— As-tu écouté ?

— Oui, mais je n’ai pu rien entendre.

— Alors tu es un maladroit. Qui n’entend pas la cloche n’en connaît pas le son.

— Voulez-vous me donner à penser que mademoiselle de Nives donne des rendez-vous à Henri pour réciter le chapelet ?

— N’est-ce pas dans ce sens-là qu’elle a agi avec toi ?

— Elle s’est moquée de moi, et peut-être se moque-t-elle à présent de mon cousin ; mais en se moquant ainsi du pauvre monde elle joue son honneur, et ce n’est pas drôle !

— Ne m’as-tu pas dit qu’elle était invulnérable à la séduction, et qu’à moins d’être une brute et un sauvage il était impossible de réduire sa volonté et de surprendre son innocence ?