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Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/24

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dû être pour quelque chose dans le refroidissement de nos amoureux. Elle n’aimait plus la pauvre nièce, elle la trouvait trop vigneronne, trop peu née pour monsieur son fils ; sa fortune était sortable, mais Henri était fils unique et pouvait aspirer à une plus riche héritière. Il avait des goûts de luxe et des habitudes de confort que Miette ne comprendrait jamais. Elle avait fait de son frère, naguère brillant et décrassé, un gros paysan qui prendrait bientôt du ventre. Elle avait toutes les vertus et aussi tous les préjugés et tous les entêtements de la paysanne. On avait pu songer à ce mariage lorsqu’Henri était encore un écolier et un provincial. À présent qu’il revenait de Paris dans tout l’éclat de sa beauté, de sa toilette et de ses grandes manières, il lui fallait une fille de qualité capable de devenir une femme du monde.

J’écoutai tout cela en silence, et quand ce fut fini :

— Veux-tu, lui dis-je, que je tire la conclusion ?

— Oui, parle.

— Eh bien ! si ce mariage est détestable, ce n’est ni la faute d’Henri ni celle de Miette, c’est celle de la grande tour de Percemont !

— Par exemple !

— Oui, oui, sans cette damnée tour, nous serions toujours les bons et heureux bourgeois