Aller au contenu

Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/317

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Turc, on me donne justement l’âge qu’on ne lui donnerait pas ; on pourra nous peindre dans le même cadre et ça donnera quelque chose de très-assorti, la Force et la Grâce, sujet classique.

— Alors vous voilà décidé ?

— Oui, puisque me voilà épris.

— Vous ne doutez pas du succès ?

— Pas du tout.

— Vous êtes heureux de compter ainsi sur vous-même.

— Mon cher André, je compte sur deux choses qui sont en moi, la jeunesse et l’amour. Ce sont deux grandes puissances : l’amour qui se sent et se communique, la jeunesse, qui donne la confiance de se risquer et de s’exprimer. Il n’y a pas de vanité à dire qu’on est jeune et amoureux.

— Vous avez raison, répondit Pierre, devenu triste et abattu. Il n’y a de vanité ridicule que chez ceux qui ont perdu la fraîcheur de l’inexpérience et l’ingénuité du premier mouvement.

Ils étaient arrivés à un endroit où le chemin, devenu plus large, leur avait permis de dépasser la charrette, et ils approchaient du chalet de Pierre André. Au loin, sur le même chemin, qui gagnait la hauteur, ils aperçurent Marianne, qui avait remis sa monture au pas.