Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/330

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trouverai bien tout seul le manoir ou la chaumière de ma jolie campagnarde. C’est par ici que je l’ai vue s’éloigner hier ; vous m’avez dit qu’elle demeurait tout près du chemin, du côté des collines de droite. La nuit est claire, et il fera jour dans une heure. Ne vous inquiétez pas de moi, mon cher. Je serais désolé de déranger vos habitudes.

— La première et la plus importante de mes habitudes, répondit Pierre, est de veiller à la sécurité de mes amis.

— Vous êtes trop bon pour moi, vrai ! J’aime mieux aller seul, je vous l’ai dit.

— Ce n’est pas de vous que je me préoccupe, c’est de ma filleule.

— Qui ça, votre filleule ?

— Mademoiselle Chevreuse, que vous voulez, je crois, compromettre.

— Elle est votre filleule ! Tiens, tiens ! Alors tout s’explique. Je vous prenais pour un soupirant éconduit et jaloux ; mais, du moment que vous êtes une espèce de père, je reconnais votre droit, et je veux bien vous dire, vous jurer que je serais désolé de compromettre votre Marianne. Sachez, cher ami, que mes intentions sont pures comme le ciel. Hier, ma charmante fiancée a refusé une fleur que je lui offrais, disant qu’elle la voulait cueillir pour son cheval, et je l’ai offerte à son cheval, c’est-