Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/338

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— Je n’en sais rien ; je ne veux pas supposer qu’il ne te recherche pas pour toi-même.

— Qu’est-ce qu’il vous a dit de moi ? Il ne me connaît pas ! Il ne peut pas me trouver jolie.

— Il te trouve jolie.

— Il ne peut pas le penser, n’est-ce pas, mon parrain ? Dites, je vous en prie.

En questionnant ainsi André, Marianne avait pris une physionomie animée, résolue et craintive tour à tour ; elle avait rougi, son regard s’était rempli d’éclairs fugitifs. C’était une véritable transformation. Pierre en fut vivement frappé.

— Tu l’aimes déjà, répondit-il, car te voilà jolie, et c’est lui qui t’apporte la beauté que tu n’avais pas !

— S’il m’apporte la beauté, dit Marianne, qui devint tout à fait vermeille de plaisir, c’est déjà un beau cadeau qu’il me fait et dont je dois lui savoir gré ! Je me suis toujours jugée laide, et personne ne m’a encore détrompée.

— Tu n’as jamais été laide, et je ne sache pas l’avoir jamais dit…

— Oh ! vous, reprit-elle vivement, vous ne m’avez jamais regardée, vous n’avez jamais su quelle figure je pouvais avoir !

— Voilà encore de la coquetterie, Marianne. Je t’ai toujours regardée… avec intérêt.

— Oui, comme un médecin regarde un ma-