Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/40

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prenne mon devoir, — et, si elle a pleuré, je ne l’ai pas vu. Je crois qu’elle a eu un gros chagrin, mais elle est trop fière pour l’avouer, et, du moment que ta mère est contraire à votre mariage, je ne crois pas que ma sœur veuille jamais en entendre parler.

» Surpris et fâché de voir ma mère dans ces dispositions, mais ne voulant pas apprendre par ceux qu’elle a blessés leurs griefs contre elle, sentant d’ailleurs que le premier tort venait de moi, et que, dans ma vie d’étudiant, j’avais mis à ma fidélité une lacune trop apparente, j’ai demandé à Jacques de me laisser partir.

» — Je suis fatigué, lui ai-je dit, j’ai mal à la tête, et, si j’ai du dépit, je ne veux pas y céder en ce moment. Remettons l’explication à un autre jour… Quand viens-tu déjeuner avec moi ?

» — C’est toi, répondit-il, qui viendras passer la journée avec moi dimanche. Miette y sera, et vous pourrez tout vous dire. Tu auras consulté tes parents, tu sauras si la fierté de ma sœur a été volontairement blessée, et, comme je sais, moi, que tu le regretteras, vous redeviendrez bons amis.

» — Oui, nous redeviendrons frère et sœur, car je présume qu’elle me dira franchement ce qu’elle eut dû me dire ce soir.

» Là-dessus, nous nous sommes quittés, lui