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Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/63

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C’est alors que j’ai fait transférer Marie, qui devenait trop grande pour courir de pareils dangers (elle avait déjà près de quinze ans), au couvent cloîtré des dames de Clermont ; elle s’y est montrée très-rebelle d’abord, et puis très-douce, et puis très-dissipée ; elle changeait de caractère et de disposition tous les quinze jours. J’ai toutes les lettres de la supérieure qui me la dépeignent comme une véritable folle. Marie n’est même pas bonne à faire une religieuse. Elle ne pourra jamais s’astreindre à aucune règle, elle est privée d’intelligence, et le moindre raisonnement l’exaspère ; alors elle a des attaques de nerfs qui frisent l’épilepsie ; elle crie, elle veut tout briser, elle cherche à se tuer. On a peur d’elle, on est forcé de l’enfermer. On fournira à ce couvent toutes les preuves dont j’ai besoin, et j’en ai déjà une certaine quantité que je vous remettrai si vous acceptez la défense de mes légitimes intérêts.

— Et si je ne l’acceptais pas, que feriez-vous, madame la comtesse ? Renonceriez-vous à une poursuite qui offre des dangers sérieux à l’honneur des deux parties ? Je veux croire que les preuves tenues par vous en réserve sont accablantes pour mademoiselle de Nives. J’admets même que vous réussissiez à savoir où elle s’est cachée et que vous ayez les moyens de la déshonorer en constatant une folie honteuse, ne