Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/79

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je ne cours plus la prétentaine, mon oncle, je vous le jure.

— Tu songes à te marier ?

— Peut-être.

— Avec une héritière ?

— Avec une personne que j’aime depuis longtemps.

— Et qui n’est pas idiote ?

— Aimer une idiote ! Quelle horreur !

— Tu ne serais pas comme ce jeune homme qui recherche mademoiselle de Nives pour sa fortune et qui ne s’embarrasse pas si elle distingue sa main droite de sa main gauche ? Tu conçois l’inquiétude du père de famille qui m’a consulté sur ce point. Il regarderait son enfant comme déshonoré, si la chose était certaine.

— Ce serait une vilenie, une lâcheté, certainement ; mais qui a fait courir ce bruit-là sur mademoiselle de Nives ? Ce doit être sa belle-mère.

— Tu la connais donc, sa belle-mère ? Voyons, dis-moi ce que tu sais !

— Mais je ne sais rien du tout ! je ne sais que ce que l’on dit, ce que vous avez entendu dire mille fois. Le comte de Nives avait épousé une aventurière qui aurait chassé et persécuté l’enfant de la première femme. On a même dit qu’elle était morte dans un couvent, cette jeune fille !