Page:Sand Flaubert - Correspondance (Amic Calmann-Levy 1904).djvu/12

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Toute correspondance est un duo, et l’on ne peut dire qu’on la connaît lorsqu’on n’en connaît qu’une des deux parties ; peut-on comprendre les réponses sans les demandes ou se contenter des demandes sans les réponses ? Cela est vrai surtout quand il s’agit de la correspondance de deux grands esprits, tels que Gœthe et Schiller, George Sand et Musset. Cela est plus vrai encore quand les deux correspondants sont aussi différents que l’étaient George Sand et Flaubert ; l’une, idéaliste, optimiste, d’éloquence abondante et naturelle ; l’autre, misanthrope, bourru, jovial, esclave d’un travail acharné ; d’ailleurs excellents tous deux. C’est parce que leurs deux voix s’opposent, qu’entendues ensemble, elles s’harmonisent en beauté. L’idée est donc heureuse d’avoir fait se suivre, réunies en un seul volume, leurs lettres jusqu’ici disséminées en quatre. La Correspondance de George Sand avec Flaubert vient d’ailleurs à propos après la publication de sa correspondance avec Alfred de Musset. On a vu ce qu’était l’amour pour cette grande âme et ce grand cœur ; on verra ce qu’était l’amitié.