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Quant à votre invitation si cordiale, je ne vous réponds ni oui ni non, en vrai Normand. J’irai peut-être, un jour, vous surprendre, cet été. Car j’ai grande envie de vous voir et de causer avec vous.

Il me serait bien doux d’avoir votre portrait pour l’accrocher à la muraille dans mon cabinet, à la campagne, où je passe souvent de longs mois tout seul. La demande est-elle indiscrète ? Si non, mille remerciements d’avance. Prenez ceux-là avec les autres que je réitère.


II

À GUSTAVE FLAUBERT

Paris, 15 mars 1864.
Cher Flaubert,

Je ne sais pas si vous m’avez prêté ou donné le beau livre de M. Taine. Dans le doute, je vous le renvoie ; je n’ai eu le temps d’en lire ici qu’une partie, et, à Nohant, je vais n’avoir que le temps de griffonner pour Buloz ; mais, à mon retour, dans deux mois, je vous redemanderai ces excellents volumes d’une si haute et si noble portée.

Je regrette de ne vous avoir pas dit adieu ; mais comme je reviens bientôt, j’espère que vous ne m’aurez pas oubliée et que vous me ferez lire aussi quelque chose de vous.

Vous avez été si bon et si sympathique pour moi à la première représentation de Villemer, que je n’admire plus seulement votre admirable talent, je vous aime de tout mon cœur.

GEORGE SAND.