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Page:Schlagintweit - Le Bouddhisme au Tibet.djvu/136

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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

chen, très parfait) est probablement le dixième Dalaï Lama, qui régna de l’année 1817 à 35[1]. Je ne sais rien de remarquable sur les deux autres lamas.

Une autre figure en habit chinois a les mots Genyen Darma écrits à ses pieds ; Genyen (sanscrit, oupasaka) indique qu’il appartient à la foi bouddhiste, Darma est très probablement son nom. Il porte un panier rempli des feuillets d’un livre religieux, probablement le Prājna Paramita ; cette mode très ancienne d’employer un panier pour porter les feuilles de palmier, qui dans les premiers temps servaient de papier, est encore en usage au Tibet ; les volumes séparés d’un ouvrage important sont réunis dans un panier commun. Sous le trône est la figure de la déesse Lhamo (sanscrit, Kālādevi), avec ses serviteurs ; Tsepagmed (sanscrit, Amitāyus), le dieu de longévité ; et les cinq grands rois, en tibétain Kou nga gyalpo[2].

SOUKHAVATI, LA DEMEURE DES BIENHEUREUX

La délivrance complète de l’existence, ou du monde dans son acception la plus générale, est désignée sous le nom de Nirvāna (tibétain, Nyangan las daspa, par contraction Nyangdas)[3]. La nature de Nirvāna n’est pas clairement définie dans les livres sacrés ; ce ne serait du reste pas possible avec un système philosophique dont le principe fondamental est la négation de toute réalité[4] ; aussi les saintes écritures bouddhiques déclarent-elles à chaque occasion qu’il est impossible de définir exactement les attributs et les propriétés de Nirvāna.

Le Bouddha a aussi montré le chemin[5] d’un bonheur inférieur, qui est la jouissance de Soukhavati, la demeure des saints, où atteignent ceux qui ont accumulé beaucoup de mérites par la pratique des vertus.

L’entrée à Soukhavati implique déjà la délivrance de la métempsycose,

  1. Voyez Csoma, Grammaire, p. 181 et suivantes.
  2. Sur Lhamo, voyez chap. x ; sur Tsepagmed, voyez chap. xi ; sur les cinq grands rois, voyez chapitre XIII.
  3. Sur la différence entre l’idée première de Nirvāna et l’opinion tibétaine, voyez Köppen. Die Religion des Buddhas, vol. I, p. 307.
  4. Voyez p. 23.
  5. Voyez page 28.