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LE BOUDDHISME AU TIBET
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D’abord ces assemblées se tinrent en plein air ; les Viharas, dans l’acception de monastères où ces cérémonies auraient pu avoir lieu, ne furent construits que beaucoup plus tard. Le mot Vihara, d’après son étymologie, indique un lieu où les bouddhistes s’assemblaient et c’est dans ce sens que cette expression est usitée dans les Soûtras, ou livres considérés comme contenant les paroles de Sâkyamouni, qui commencent toujours ainsi : « Quand il arrivait que Sâkyamouni se trouvait (viharati-sma) en un lieu » ; mais plus tard ce nom fut appliqué aux édifices où les prêtres se réunissaient et où les étrangers et les ascètes (qui allaient quêtant les aumônes) trouvaient un asile. La signification de ce mot fut encore plus restreinte et par la suite il ne fut plus appliqué qu’aux monastères seulement, ou aux édifices religieux dans lesquels ceux qui ont une fois pénétré sont obligés de demeurer toute leur vie. Il est impossible de déterminer exactement les diverses époques pendant lesquelles les Viharas devinrent des maisons de réunion et plus tard des monastères. Dans les livres Hinâyâna sur la discipline ces édifices ne sont cités que comme complément au chapitre des résidences et ils ne furent probablement construits qu’après les temples, dont les premiers, dit-on, furent édifiés au troisième siècle avant Jésus-Christ. Les violentes attaques des Brahmes ont dû bientôt convaincre le clergé bouddhiste des avantages de l’association ; alors furent établies des règles pour la vie en commun et la subordination, et ainsi fut fait le premier pas des institutions monastiques qui furent cependant, dans l’Inde, même dans leur perfection finale, extrêmement différentes de celles du monachisme tibétain actuel. Dans les premiers temps chaque Vihara avait son administration propre, son chef particulier, et était indépendant de tous les autres ; il en était encore ainsi au septième siècle, quand Hiouen-Thsang habita l’Inde ; jamais on ne connut dans l’Inde la hiérarchie si parfaitement organisée que nous trouvons aujourd’hui au Tibet[1].

  1. Voyez Burnouf, Introduction, pages 132 et suiv., 279 et suiv., 286. Hardy, Eastern monachism, chap. III, IV, XIII ; Wassiljew, Der Buddhismus, pages 45, 96. Comparez aussi Barthélemy Saint-Hilaire, le Bouddha et sa religion, p. 299. Wilson, Buddha and Buddhism, p. 251.

    Les principaux temples souterrains furent probablement construits dans la période comprise entre le commencement de l’ère chrétienne et le cinquième siècle. Il est à peine besoin de dire que les livres qui affirment que Sâkyamouni lui-même avait compris la nécessité d’établir des prêtres supérieurs sont falsifiés.