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Page:Senancourt Obermann 1863.djvu/65

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rapproché du ruisseau, comme si j’eusse craint qu’il ne fût aussi tari ; mais il coulait toujours.

Inexplicable nécessité des choses humaines ! Je vais à Lyon. J’irai à Paris, voilà qui est résolu. Adieu. Plaignons l’homme qui trouve bien peu, et à qui ce peu est encore enlevé.

Enfin, du moins, nous nous verrons à Lyon.

LETTRE IX.

Lyon, 22 octobre, I.

Je partis pour Méterville le surlendemain de votre départ de Lyon. J’y ai passé dix-huit jours. Vous savez quelle inquiétude m’environne, et de quels misérables soins je suis embarrassé sans avoir rien de satisfaisant à m’en promettre. Mais, attendant une lettre qui ne pouvait arriver qu’au bout de douze à quinze jours, j’allai passer ce temps à Méterville.

Si je ne sais pas rester indifférent et calme au milieu des ennuis dont je dois m’occuper, et dont l’issue paraît dépendre de moi, je me sens au moins capable de les oublier absolument dès que je n’y puis rien faire. Je sais attendre avec sécurité l’avenir, quelque alarmant qu’il puisse être, dès que le soin de le prévenir ne demandant plus mon attention présente, je puis en suspendre le souvenir et en détourner ma pensée.

En effet, je ne chercherais pas pour les plus beaux jours de ma vie une paix plus profonde que la sécurité de ce court intervalle. Il fut pourtant obtenu entre des sollicitudes dont le terme ne saurait être prévu ; et comment ? Par des moyens si simples, qu’ils feraient rire tant d’hommes à qui ce calme ne sera jamais connu.

Cette terre est peu considérable, et dans une situation