Page:Sextus Aurelius Victor - Origine du peuple romain, trad Dubois, 1846.djvu/216

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remettait, selon l’usage, à Saburanus, préfet du prétoire, un poignard, comme l’attribut distinctif de ses hautes fonctions, il lui disait en forme d’avertissement : « Je te confie cette arme pour me défendre, si je fais bien ; pour la tourner plutôt contre moi-même, si je fais mal. » Car celui qui gouverne les autres a moins que personne le droit de se tromper. Tourmenté, comme Nerva, de la passion du vin, il en avait atténué les effets par sa prudence et par la défense expresse d’exécuter les ordres qu’il aurait pu donner après un trop long repas. Ce fut avec de telles vertus qu’il gouverna l’empire pendant près de vingt années. À l’époque où un violent tremblement de terre s’était fait sentir à Antioche et jusqu’aux extrémités de la Syrie, Trajan qui, sur la demande du sénat, était parti pour recommencer la guerre d’Orient, mourut de maladie dans un âge avancé, après avoir préalablement associé à l’empire Adrien, son compatriote et son parent. C’est du règne d’Adrien que date la séparation des titres de césars et d’auguste, et l’usage de laisser deux ou plusieurs princes exercer dans la république la souveraine puissance, avec un titre différent et un pouvoir inégal. D’autres auteurs pensent toutefois qu’Adrien dut son élévation au crédit de Plotine, femme de Trajan, qui supposa que ce prince avait par testament institué son cousin pour héritier de l’empire.

XIV. Élius Adrien.

Élius Adrien, qui avait plus d’aptitude pour l’éloquence et pour les fonctions civiles que pour la guerre, pacifie l’Orient et rentre dans Rome. Là, fidèle imitateur des Grecs ou de Numa Pompilius, il se mit à instituer des cérémonies, des lois, des gymnases, et prit un soin si particulier des savants, qu’il établit en faveur des beaux-arts une école qu’on appelle Athénée ; il introduisit encore à Rome, d’après le rite des Athéniens, les initia-