Page:Sextus Aurelius Victor - Origine du peuple romain, trad Dubois, 1846.djvu/238

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l’empire, C’est là qu’après avoir enduré les épreuves les plus pénibles, les travaux, les soucis, les craintes et l’instabilité perpétuelle des choses d’ici-bas, témoin vivant des misères humaines, il dit : « J’ai été tout, et ce tout ne me sert de rien. » Geta et Bassien, ses fils, firent transporter à Rome sa dépouille mortelle, qui, après de magnifiques funérailles, fut déposée dans le tombeau de Marc Antonin, pour lequel il avait eu la vénération la plus profonde ; en effet, par égard pour cet empereur, il avait conseillé de mettre au rang des dieux Commode, qu’il appelait son frère. Au nom de Bassien, son fils, il avait ajouté celui d’Antonin, parce qu’après mille traverses, mille vicissitudes, il avait reçu de ce prince le présage des honneurs qui l’attendaient, en obtenant de lui la charge de préfet du fisc : tant il est vrai que ceux qui ne sont parvenus qu’avec peine, gardent le souvenir des commencements de leur prospérité et la mémoire des hommes qui en furent les premiers auteurs ! Après la mort de Septime, la discorde éclata entre ses deux fils comme s’ils eussent reçu un héritage de guerre. Aussi Geta, qui portait le nom de son aïeul paternel, et dont le caractère, plus modéré que celui de Bassien, était pour ce dernier un sujet perpétuel d’inquiétude, périt-il bientôt sous les embûches de son frère : victoire cruelle, que rendit plus odieuse encore le meurtre de Papinien, comme le pensent généralement les hommes curieux d’anecdotes historiques. D’après leur version, Papinien, qui était alors secrétaire de Bassien, reçut de lui l’ordre d’envoyer à Rome, le plus promptement possible, les dépêches d’usage; mais, pénétré. de douleur par la mort de Geta, il répondit qu’il n’était pas aussi facile de justifier un parricide que de le commettre : réponse qui fut l’arrêt de sa mort. Or ce récit n’est pas moins méchant qu’absurde; car il demeure assez évident