Page:Sextus Aurelius Victor - Origine du peuple romain, trad Dubois, 1846.djvu/266

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n’ait extorqué les honneurs divins décernés au dernier empereur : car les forfaits de Gallien, tant qu’il existera des villes, ne pourront jamais rester dans l’oubli; et les monstres de scélératesse, dont il fut le digne émule, seront toujours mis en parallèle avec lui : tant il est vrai que les princes et les plus nobles des mortels méritent autant qu’il est permis de le conjecturer, bien plus par la sainteté de leur vie que par les titres mensongers de l’adulation, l’entrée du ciel et la gloire d’être vénérés à l’égal des dieux par la reconnaissance des hommes! Cependant le sénat, informé des circonstances de la mort tragique de Gallien ordonna que ses satellites et ses proches fussent précipités par les échelles des Gémonies; quant au préfet du fisc, il est assez constant qu’on l’amena dans la curie et qu’on lui arracha les yeux, qui demeurèrent suspendus le long de son visage. Le peuple, se précipitant alors de ce côté, conjurait à grands cris la Terre, notre mère commune, et les divinités infernales de plonger Gallien dans le séjour réservé aux impies. Et si Claude, aussitôt après la prise de Milan, n’eût prescrit, comme pour accéder à la demande de ses troupes qu’on épargnât ceux des partisans de Gallien qui pouvaient vivre encore, la noblesse et le peuple se fussent portés à de plus atroces réactions. Pour ne parler ici que des sénateurs, outre le ressentiment des maux communs au monde romain, ils avaient encore celui de l’affront particulier que Gallien avait fait subir à leur ordre, lorsque, le premier de tous les empereurs, par l’effet de la crainte que lui inspirait son indolence, et pour que la puissance impériale ne pût être transférée aux plus illustres des patriciens, il leur avait interdit le service militaire, et même l’approche de l’armée. Gallien régna neuf ans.

XXXIV. Claude [II].

Les soldats. que le malheur des temps force, pour