Page:Sextus Aurelius Victor - Origine du peuple romain, trad Dubois, 1846.djvu/294

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l’autre avaient exercé d’abord, pendant treize ans, la puissance de césar. Tous deux tenaient de la nature de si admirables avantages, qu’en les relevant par l’instruction, au lieu de les affaiblir par une grossière ignorance, ils en auraient, sans aucun doute, fait leur plus beau titre de gloire : preuve évidente que le savoir, l’élégance des formes, et surtout l’affabilité, sont des qualités nécessaires aux princes, et que, sans elles, tous les dons de la nature perdent leurs charmes, et ont je ne sais quoi de sauvage qui les fait mépriser; tandis qu’au contraire l’heureux accord de cette double supériorité a valu à Cyrus roi des Perses, une renommée immortelle. Ainsi, de nos jours, Constantin, qui d’ailleurs réunit les autres vertus, s’est vu, par les vœux du monde entier, élevé jusqu’aux astres. Et certes, s’il avait mis des bornes à sa munificence et à son ambition, à ces vastes projets enfin qui précipitent vers l’abîme les génies supérieurs entraînés trop loin par l’enthousiasme de la gloire, Constantin, disons-le, serait presque l’égal d’un dieu. Dès qu’il apprend que Rome et l’Italie sont ravagées, et que l’on a défait ou corrompu les armées des deux empereurs il assure la tranquillité des Gaules, et marche contre Maxence. À cette époque, un certain Alexandre, gouverneur de Carthage, avait follement rêvé le pouvoir suprême : déjà affaibli par l’âge, plus stupide encore que les pâtres pannoniens qui lui avaient donné le jour, il s’était improvisé à la hâte une troupe de soldats sans discipline, et dont à peine la moitié avait des armes. Rufius Volusien, préfet du prétoire, et quelques autres chefs envoyés contre lui par le tyran Maxence, avec un très petit nombre de cohortes, lui livrèrent un combat sans importance où il perdit la vie. Après cette victoire, Maxence avait ordonné que Carthage, cet ornement de l’univers, et les plus belles villes de l’Afrique, fussent ravagées, livrées au pillage et aux flammes; ce tyran farouche et