Page:Sextus Aurelius Victor - Origine du peuple romain, trad Dubois, 1846.djvu/310

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princes, se distinguèrent par une foule d’actions d’éclat, et qui, devenus les maîtres, éprouvèrent, sous leurs propres auspices, des chances bien moins heureuses. Mais pendant vingt-trois années que Jules Constance a gouverné l’empire, avec le titre d’auguste, sans cesse occupé de guerres étrangères ou civiles, à peine il trouva un moment pour déposer les armes. Après qu’il eut exterminé tant d’usurpateurs et de tyrans; après qu’il eut, à la même époque, repoussé les incursions des Perses, on le vit, assis sur son tribunal, donner glorieusement un roi à la nation des Sarmates. Ainsi Cnéus Pompée rétablit Tigrane sur le trône; ainsi un bien petit nombre de nos ancêtres, nous dit l’histoire, ont obtenu pareil honneur. Doux et clément au besoin, Constance était lettré, et avait une instruction aussi solide qu’élégante; à la suavité, au charme de l’élocution, il joignait la patience dans les travaux et une adresse merveilleuse à lancer les flèches ; modèle de frugalité, de continence, il savait vaincre toutes ses passions; plein d’une pieuse tendresse pour son père, il veillait d’une manière toute spéciale à sa propre conservation, bien persuadé que de la vie des bons princes dépend la tranquillité des États. Mais l’éclat de si nobles et de si précieuses qualités fut obscurci par le peu de soin qu’il mit dans le choix des gouverneurs de provinces et des chefs de ses armées, par la dépravation extrême de ses ministres, et par l’oubli où il laissait tous les gens de bien. Enfin, pour dire d’un seul mot la vérité, autant l’empereur lui-même montrait de brillantes vertus, autant la plupart de ses ministres avaient des vices monstrueux.