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REVUE INTERNATIONALE DE L’ENSEIGNEMENT

D’autres tentatives furent faites par les associations ouvrières du type Hirsch-Duncker et par celles plus récentes, (nous voulons parler des Gewerkschaften qui tout en propageant le socialisme travaillent à élever le niveau moral et intellectuel des ouvriers. De son côté la Gesellschaft zur Verbreitung von Volksbildung (société pour la propagation de la culture dans le peuple) établie en 1871, a groupé aujourd’hui 1073 associations. Elle a apporté un soin tout spécial à la fondation de bibliothèques populaires, ce qui était d’autant plus méritoire et nécessaire que les municipalités et le gouvernement lui avaient laissé tout à faire dans ce domaine.

La plupart de ces associations ont institué des « Soirées populaires », offrant aux classes ouvrières des récréations honnêtes.

La véritable Extension universitaire remonte en Allemagne aux conférences, créées, à l’instar de l’Angleterre, par la section d’économie sociale du Freie deutsche Hochstift de Francfort sur-le-Main (1890).

Le comité ne se borna pas d’ailleurs aux questions d’enseignement, il se préoccupa aussi d’assurer à ses auditeurs des distractions d’un ordre élevé. Il obtint pour eux des places à prix réduit dans les théâtres et les concerts. Et on sait quel est l’attrait de ces distractions sur la population ouvrière allemande.

Des tentatives analogues ont réussi dans d’autres villes, notamment à Berlin. Il convient de mentionner par exemple les conférences faites dans les musses de cette ville par des savants distingués.

Cependant les Universités allemandes, retranchées dans un isolement systématique, résistaient à toutes ces tentatives de vulgarisation. C’est là même ce qui explique le succès de la Humboldt Akademie, émanée de la Société centrale scientifique fonde en 1818 par le Dr Max Hirsch. C’est une sorte d’Université populaire dont toute personne, désireuse de s’instruire, est admise à suivre les cours. En 1896, 3.477 auditeurs ont suivi les 121 cours de cette institution. Les professeurs, au nombre de 156, sont ou des professeurs de l’Université, ou des professeurs de gymnase, quelques médecins, des jurisconsultes, des journalistes, etc.[1].

Les Universités ont fini par entrer plus franchement dans le mouvement. Ce sont d’abord des Universités non prussiennes, celles de Iéna, de Munich, de Leipzig qui, en 189%, ont fondé une véritable extension universitaire.

Le mouvement, comme nous l’avons vu, a gagné l’Université de Berlin et une partie des professeurs, à la tête desquels on peut nommer Waldayer et Schmoller, ont inauguré une série de cours populaires, qui paraissent très goûtés.

Le 18 mars dernier, les professeurs de l’Université de Königsberg ont pris l’initiative d’une grande réunion pour discuter les expériences déjà faites dans différentes villes sur l’extension universitaire[2]. On a hautement reconnu l’utilité de cette œuvre, et on doit se réunir de nouveau à Berlin aux prochaines vacances de Pâques.

  1. L’Académie Humboldt a fêté il y a quelques semaines le 25e anniversaire de sa fondation.

    Il convient de mentionner aussi « l’Université populaire » créée par le Volksverein (association catholique qui a son principal centre dans les pays rhénans). Sous ce nom assez impropre, le Volksverein organise périodiquement des cours de science économique et sociale sur différents points du territoire. C’est un enseignement temporaire et ambulant qui a réussi au delà même de l’attente de ses organisateurs.

  2. Ont pris part notamment à la discussion les professeurs Schmoller, Conrad Lexis, Porb, Rein, Diels, Engler, Prutz, Petersen et Fuchs.