Page:Souvestre, Laurens de la Barre, Luzel - Contes et légendes de Basse-Bretagne.djvu/108

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— Par les cornes de ma vache ! dit saint Herbot. Tenez, bonne femme, je parie qu’en trois coups je fais lever toute votre barattée, si vous voulez m’en donner un petit morceau après.

— Un morceau je vous donnerai, dit-elle, mais quant à faire lever mon beurre en trois coups… vous plaisantez.

— Possible, mais laissez-moi faire.

Et, en disant cela, l’ermite prit le manche du ribot, frappa trois bons coups, ni plus ni moins, et dit à la fermière :

— Regardez-y vous-même.

En vérité, le beurre était fait, et du beau encore ! C’était merveilleux, et la fermière ne savait trop qu’en penser. Elle pensait, je crois, qu’il y avait du sorcier là-dessous, surtout quand elle vit l’ermite prendre du beurre dans ses mains ; puis, après avoir bien beurré le cou de Trémeur avec son couteau, lui replacer la tête entre les deux épaules et lui dire :

— Maintenant, mon ami, te voilà restauré ; ta tête est assez solide, tu peux courir le monde. Seulement gare au feu et à la chandelle ! Prends garde aux coups de soleil, car du beurre, vois-tu, ça fond à la chaleur, et adieu ta pauvre tête, mon garçon ! Te voilà prévenu. Mais avant que je te quitte, mets-toi à genoux, afin que je te baptise au nom de la Trinité.

Trémeur se mit donc à genoux, et saint Herbot lui versa de