Page:Souvestre, Laurens de la Barre, Luzel - Contes et légendes de Basse-Bretagne.djvu/122

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— Allez encore.

— Haut comme les nuages apparemment ?

— Allez toujours. Quand vous iriez jusqu’à la calotte du ciel, mon ami, vous n’y seriez pas tout à fait.

— Mais alors où ce malheureux pouvait-il se loger ?

— Ah ! voilà l’affaire ! Messire Hok-Bras avait la faculté de s’allonger à volonté. Voici d’où lui venait cette faculté précieuse.

Il est bon de vous dire que maître Hok-Bras était naturellement assez grand ; à trois ans il avait déjà plus de six pieds, et comme il n’était pas encore baptisé, son père le mena chez une tante qu’il avait au Huelgoat, et la pria d’être la marraine de ce petit garçon. Hok-Bras marchait déjà comme un homme, et la marraine n’eut pas besoin de le porter sur les fonts baptismaux, ce qui eût été fatigant, en vérité.

Hok-Bras fut gentil… Il alla tout seul et ne pleura pas du tout, si ce n’est quand on lui mit du sel dans la bouche : il toussa si fort, si fort, que le bedeau qui se trouvait en face fut jeté contre un pilier, où il se fit une jolie bosse à la tête, ce qui dérida le poupon et le fit rire… mais rire… Ah ! c’était le recteur qui ne riait pas en voyant tomber tous les vitraux des fenêtres de son église ! Enfin Hok-Bras était chrétien et ne viendrait pas rire à l’église tous les jours.