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les bois d’Huelgoat, pour lesquels il soupirait au souvenir de sa fiancée.

Enfin, quand il eut fini sa montagne, il se trouva un peu désœuvré et s’en alla flâner jusqu’à Landerneau ; car si sa jolie tante lui avait permis de soupirer, elle lui avait, par prudence, défendu de venir au Huelgoat.

Voilà qu’en regardant tantôt les boutiques, tantôt les nuages, Hok-Bras rencontra M. le bailli avec son écharpe.

— Tiens, dit le bailli, voilà un grand gaillard qui a l’air de vouloir attraper la lune avec les dents.

— Moi, je veux bien tout de suite, répondit le personnage, en saluant le bailli comme un peuplier que le vent balance.

— Attends au moins qu’elle soit levée, imbécile, et puis je te donnerai dix écus pour acheter un habit neuf si tu peux ce soir attraper la lune de Landerneau.

— Tope-là, fit le jeune géant, en ébranlant l’équilibre de M. le bailli.

Et le soir, sur la place de Saint-Houardon, la foule, le sénéchal et les juges en tête, se réunirent pour voir l’affaire. Jugez de la stupéfaction de ces braves gens. Dès que la lune fut au dessus du placis, Hok se mit au milieu et s’écria :

— Hok, allonge-toi !