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tionnées à la besogne, s’empara de deux ou trois vieux chalands sur la rivière de Landerneau afin de s’en servir comme d’écuelle, et se mit à l’ouvrage.

Le premier jour, il creusa un grand bassin depuis Daoulas jusqu’à Lanvéoc.

Le second jour, il creusa de Lanvéoc à Roscanvel, et le troisième jour, comme il était pressé d’achever la besogne par une prouesse digne de sa fiancée, crac ! il donna un grand coup de pied dans la butte qui fermait le goulet, et bientôt il eut le plaisir de sentir l’eau de mer lui chatouiller agréablement les mollets à une jolie hauteur, car à ce moment-là il mesurait, dit-on, plus de mille pieds du talon à la nuque.

Mais le vent soufflait un peu fort de l’Ouest ; les vagues se précipitaient avec la violence que vous pouvez supposer par l’ouverture du nouveau goulet. Si bien qu’un vaisseau à trois ponts (vous comprenez, un vaisseau à trois ponts avant le déluge), qui passait toutes voiles dehors du côté du cap Saint-Mathieu, se trouva entraîné par le courant et entra vent arrière dans la rade, qui se remplissait à vue d’œil. — Et de trois !

La rade de Brest était née pour la gloire de la Bretagne. Mais, pour le malheur de son père, il arriva que Hok-Bras s’étant mis à genoux pour boire un coup et goûter l’eau de sa nouvelle fontaine,