Page:Souvestre, Laurens de la Barre, Luzel - Contes et légendes de Basse-Bretagne.djvu/203

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de monter sur son dos, tu le feras ; mais, par la vertu de mon petit livre, tu lui seras si lourd, si lourd, qu’il s’enfoncera dans la terre jusqu’aux genoux. Il se débarrassera alors de toi et te jettera en l’air ; mais tu retomberas à terre, sans aucun mal, toujours par la vertu de mon petit livre. Il te reprendra une seconde fois sur son dos, et s’enfoncera encore dans la terre, jusqu’à la ceinture ; il te rejettera en l’air, bien plus haut, mais tu retomberas comme la première fois, sans mal. Il tentera un troisième essai, et, cette fois, il s’enfoncera en terre jusqu’au cou. Se voyant contraint de renoncer à toi, par un pouvoir supérieur au sien, il appellera sur ta tête mille malédictions et te jettera encore en l’air, mais si haut, si haut cette fois, que tu iras tomber dans un bois, à plusieurs lieues de là. Alors tu seras sauvé du diable. Mais garde toujours précieusement mon petit livre, car tu en auras encore besoin.

Pipi prit le petit livre des mains de sa marraine, la remercia du milieu de son cœur ; puis, il se dirigea vers le lieu du rendez-vous, non sans trembler un peu, vous le pensez bien, malgré le petit livre et les conseils de sa marraine. Quand il y arriva, il vit un seigneur, d’un aspect étrange, qui vint à lui et lui dit :

— Ah ! te voilà ? Tu as bien fait d’être exact au rendez-vous, car s’il m’avait fallu aller te chercher, tu aurais eu à t’en repentir ; monte sur ce cheval.