Page:Souvestre, Laurens de la Barre, Luzel - Contes et légendes de Basse-Bretagne.djvu/216

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Et personne ne disait oui. Vint à passer aussi un homme ivre, qui avait de la peine à se tenir sur ses jambes, et qui jurait comme un démon, et elle lui demanda, comme aux autres :

— Voulez-vous me prendre pour femme, l’homme ?

— Allez au diable, fille perdue ! lui cria aussi l’ivrogne.

Et il passa, comme les autres. Mais bientôt il vint à penser et à se dire : — Tiens ! celle-là, sans doute, n’a jamais trouvé d’homme qui voulût d’elle ; moi aussi, je n’ai jamais trouvé de fille qui voulût de moi ; il faut que j’essaie de faire marché avec elle. — Et il revient sur ses pas et parle à la fille. Ils tombent d’accord et la noce se fait dès le lendemain.

La pauvre femme eut beaucoup à souffrir avec cet homme ; il dépensait tout ; tous les jours, il s’enivrait, et souvent il la battait.

Quand le temps fut venu, elle donna le jour à un fils, et elle dit à son mari :

— Allez au château et demandez la dame pour marraine de notre enfant ; si elle vous refuse, demandez sa servante ; nous trouverons facilement un compère.

— Tonnerre de Brest ! répondit le père, qui avait bu comme d’habitude, à quoi bon baptiser cette grenouille ?

— Jésus ! que dites-vous là, mon homme ! Vous voyez comme