Page:Souvestre, Laurens de la Barre, Luzel - Contes et légendes de Basse-Bretagne.djvu/222

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Pardonnez-moi, monseigneur, mais il y a quelqu’un dans votre maison qui ne dit jamais aucune prière.

— Je voudrais bien savoir qui, alors.

— Quand vous arriverez chez vous, envoyez tous vos serviteurs dans différentes directions, porteurs de quelque message. Celui que vous enverrez le plus loin sera pourtant de retour le premier, et c’est celui-là qui ne dit jamais ni Pater ni noster. Quand il reviendra de route, vous lui demanderez ce qu’il désirera pour le récompenser de la promptitude avec laquelle il aura accompli son message. Il vous demandera de lui donner la première chose sur laquelle il posera la main. Vous y consentirez, et alors, il essaiera d’avoir votre dame. Enfermez celle-ci dans la plus haute chambre de la grande tourelle de votre château, de telle sorte que, lorsqu’il verra cela, il se saisira aussitôt d’une échelle pour monter auprès d’elle. Dès qu’il aura mis la main sur l’échelle, vous lui direz qu’elle lui appartient et qu’il peut l’emporter. Aussitôt, se voyant pris dans ses finesses, il poussera un cri épouvantable et s’élèvera dans l’air en emportant l’échelle, car c’est un démon.

Le seigneur fut bien étonné en entendant cela. Quand il arriva dans son château, il fit comme lui avait recommandé Christic, curieux de voir ce qu’il en serait. Il envoya tous ses domestiques en route avec des messages pour différents endroits,