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vrai, était un peu roussi ; mais Tam lui frotta la figure et la tête — car tous ses cheveux étaient grillés — avec un morceau de suif ou de lard, et il ne s’en trouva pas plus mal.

— Ça sent l’ogre mort par là, dit Tammik à son compagnon ; il est temps de filer d’ici ; qu’en pensez-vous ?

— Ma foi, je n’en pense rien, répondit Thurio, qui avait son idée, et ne songeait même pas à remercier son sauveur.

— Comme vous voudrez, l’ami, bonsoir, bonsoir.

Pauvre Tam ! il allait oublier sa mouche bleue, tant il était affairé ; mais la mouche ne l’oubliait pas, car elle vint aussitôt bourdonner à ses oreilles, et rentra d’elle-même dans la petite cage.

Tammik reprit possession de son trésor et sortit de la maison du Rounfl sans causer davantage.

Dès qu’il fut parti, Thurio se mit en quête d’un autre trésor, car il savait par la lecture des histoires de ce temps-là, que les ogres ont toujours dans leur cave deux ou trois tonnes remplies d’or. Finalement et pour son malheur, faut croire qu’il en fit une bonne provision, ou qu’il avait les poches gonflées et la démarche pesante en sortant du manoir. Était-ce l’or ou le gwin-ar-dan (vin de feu) ? Les deux peut-être.

Allons voir un peu, avant de finir, ce que devint notre Tammik, avec sa mouche. Lassé de vagabonder, le camarade demanda