Aller au contenu

Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/106

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
86
MAROUSSIA

— Il a un grand jardin et beaucoup de pommes.

— Niaise ! C’est bien de pommes qu’il s’agit ! Allons ! assurons-nous par nous-mêmes de ce que peut valoir ce Knich. Notre visite ne peut manquer d’être pour lui une surprise agréable. »

L’officier piqua son cheval et s’élança en avant. Son camarade le suivit en grommelant :

« Vous êtes un vrai fou ! Voilà toute une journée passée à courir sans rime ni raison ; quel métier vous nous faites faire !

— En avant, petite fille ! dirent les soldats à Maroussia. En avant ! »

La voiture marcha entourée du détachement de soldats.

Maroussia ne voyait de tous côtés que des figures sinistres.

Tout en se demandant avec angoisse ce qu’il serait sage de faire pour se tirer de ce grand danger, elle observait timidement les visages hérissés de grandes moustaches, brunis par le soleil, durs, sombres, implacables, qui l’entouraient.

Tout ce monde avait l’air, en suivant ainsi sa voiture pas à pas, de se reposer après bien des fatigues et des exploits sanguinaires. « Combien ces gens-là ont-ils tué et massacré des nôtres déjà ? se disait l’enfant. N’est-ce pas terrible à penser ! s’en souviennent-ils seulement, du mal qu’ils ont fait ? Les figures de quelques-uns sont tristes… Leur cœur à