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MAROUSSIA

de sa petite fille s’était retourné et lui avait jeté, elle l’avait vu, un regard d’adieu.

Ah ! pourquoi, au lieu de rester, celui-là était-il de ceux qui partaient ?

Maroussia demeura seule avec cet Ivan, qui avait reçu l’ordre de conduire sa voiture jusqu’à la maison de Knich et d’arranger la chose.

« Eh bien, en route, petite goutte de miel ! » lui dit Ivan en allumant sa pipe.

Maroussia regarda Ivan et pensa qu’il avait l’air d’un hérisson.

« En route ! en route ! » répéta-t-il d’une voix plus sévère.

Maroussia parla à ses bœufs. Devant le départ subit de leur escorte, ils avaient jugé à propos de s’arrêter ; devant un tel emportement de sages bœufs n’avaient rien à faire. À la voix de Maroussia ils se hâtèrent d’obéir.

La voiture avait repris sa marche mesurée ; Maroussia, sous prétexte qu’elle était fatiguée, s’était perchée sur le haut de son énorme voiture, et, tout en grimpant, elle avait trouvé le moyen de donner furtivement sa petite main à serrer à son grand ami, dont le calme et confiant regard lui était apparu tout au fond du trou qu’il s’était ménagé entre les bottes de foin. Cela leur avait fait du bien à tous les deux. Ivan, bien entendu, était à cent lieues de se douter de rien ; il l’avait laissée faire, il marchait à côté des