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Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/121

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CHEZ LE VIEUX KNICH

la chaumière. Mais, si tu aimes mieux le plein air, Tarass connaît des endroits où on trouve des fraises et où mûrissent les framboises. Nous avons encore une ressource, une jolie provision d’autres friandises : des gâteaux au miel, des petits pâtés et même des grands. »

Ivan avait saisi au passage ce mot « pâtés ».

« Je vois que tu as une maison bien montée, dit-il d’une voix encore sévère, mais que la vision « des grands pâtés » avait déjà adoucie.

— J’en rends grâce au Seigneur, répondit le vieux laboureur. Entrez, entrez, je vous prie. »

Il avait l’air si simple, si affable, si naïf, ce vieux bonhomme Knich !

« Entrez, entrez, répétait-il, entrez donc… Quel plaisir ! Quelle surprise agréable ! Quelle bonne aubaine ! J’aime tous les militaires… Entrez, entrez, monsieur le soldat, je vous en prie… »

Le militaire qu’il aimait tant était brisé de fatigue et affamé comme un loup : aussi suivit-il le vieux laboureur sans se faire prier, et, une fois dans la chambre, il s’étala sur un banc, bâillant, étendant les bras, allongeant les jambes, en un mot, profitant du bienheureux incident qui lui permettait de dorloter un peu son pauvre corps tout meurtri par les fatigues de la guerre.

On voyait très-bien qu’il avait pris le vieux Knich pour un brave homme, bien simple et très-igno-