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CHEZ LE VIEUX KNICH

pauvre maisonnette ! Il le faut, il le faut : vous ne voulez point affliger un vieillard, n’est-ce pas ? Vous goûterez un peu de mes andouilles… et de mes jambons aussi… et puis de mes fromages… Vous verrez.

— Mais, nous autres militaires, nous ne sommes pas habitués à des délicatesses. Si la faim peut être apaisée, nous sommes contents, disait Ivan.

— Bien sûr, bien sûr, monsieur Ivan, bien sûr. Oh ! la vie militaire est dure ! J’en ai entendu parler. Eh bien, raison de plus pour essayer de vous régaler un peu… Oui, oui, croyez-moi ! »

Maroussia, assise dans un coin, tâchait d’être comme celui à qui elle ne cessait de penser aurait été. À la voir, elle était calme et tranquille.

Mais quel flux et reflux d’espoir et d’anxiété ! On ne saurait le décrire. Le grand ami était-il encore enterré dans son foin ? Avait-il pu au contraire s’en tirer ? Mais alors avait-il pu se cacher en lieu sûr ? et puis, s’il avait dû quitter la maison, où le retrouverait-elle ? Quels risques pourrait-il courir ? Que dirait son père, si elle se trouvait séparée de lui avant de l’avoir conduit au but ?…

Le petit Tarass, après avoir passé en revue les nouveaux arrivés, s’approcha de la fenêtre et compta les décharges qu’on entendait très-distinctement, bien qu’elles fussent très-éloignées.

À la fin des fins, le déjeuner fut apprêté. M. Ivan