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MAROUSSIA

Maroussia tournait autour de cette voiture comme un oiseau blessé.

Tarass, après avoir donné du foin aux bœufs, commença à babiller et fit plusieurs questions à la nouvelle arrivée.

Mais Maroussia, tout absorbée par un cruel souci, ne lui répondit que par monosyllabes.

Tout à coup l’idée lui vint que sa présence près de la voiture pouvait paraître étrange, et elle s’en éloigna rapidement. Elle se promena dans la vaste cour ; elle pénétra dans le jardin touffu, elle s’arrêta, regarda autour d’elle, contempla les champs qui se déroulaient au loin.

« Que faire ? se demanda-t-elle. Que devenir ? Comment le sauver ? Comment le délivrer ? Rien n’est changé dans l’aspect de cette voiture ; serait-il encore… »

Elle retourna dans la cour pour s’assurer que personne ne l’observait. « Si je le puis sans imprudence, se disait-elle, j’oserai, sinon l’appeler, attirer du moins par un moyen quelconque son attention. »

Tout à coup, en passant à côté d’un amas de grosses pierres entassées contre un mur en ruines, elle crut entendre, non, elle entendit bien distinctement, comme si elle fût sortie de dessous terre, la voix qu’elle connaissait si bien, et qui lui disait :

« Merci, ma petite Maroussia ! Sois tranquille, tout va bien ! »

Elle n’en pouvait douter, c’était la voix, la voix