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MAROUSSIA

nétré à travers la petite fenêtre près de laquelle s’était endormi, après son copieux repas, le soldat Ivan, et tombait d’aplomb sur sa joue. Sa figure était toute rouge sous l’action du soleil. Ivan sentait bien vaguement qu’il était en train de cuire ; mais il était si heureux, en somme, qu’il n’avait pas du tout envie de se réveiller. « Si j’ouvre les yeux, se disait-il tout en dormant, si je change de place, c’en est fait de toute cette béatitude, je ne me rendormirai plus ! » Un sourire plaintif, errant sur ses lèvres, aidait à lire dans les incertitudes de sa pensée.

Cependant, tout à coup, il fit un bond, comme si on l’avait touché avec un fer chaud. La vérité est que sa joue était en feu. Il y porta la main et l’en retira comme s’il s’était brûlé à son contact.

Il s’éloigna de la fenêtre ; ses regards appesantis se portèrent sur l’intérieur de la chambre ; machinalement il rajustait son uniforme, et son visage s’efforçait de reprendre l’aspect d’indifférence qui lui était habituel.

Où était-il ? Peu à peu la mémoire lui revint. Ses yeux méchants interrogèrent jusqu’aux murs blancs de la cabane. Elle était vide, la cabane ! Il était seul ; pourquoi ? Bah ! le vieux Knich s’était probablement éloigné pour mieux laisser reposer son hôte.

Mais depuis quand dormait-il ? L’inquiétude le prit.

Maître Ivan se mit à crier ; sa voix ne péchait point