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Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/147

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LE RÉVEIL D’IVAN.

par la douceur ; elle était enrouée et stridente, et avait des éclats inattendus de branche qui casse. Ses cris retentirent bientôt dans tous les coins de la cour.

« Holà ! hé ! vieux sourd ! tonnerre ! arriveras-tu enfin ? »

Maroussia et le petit Tarass, à ces cris, coururent vers la cabane ; mais, trouvant inutile d’affronter un si terrible réveil, ils se cachèrent derrière des touffes de lilas, et se mirent aux écoutes.

Quand Ivan se taisait, on n’entendait rien, si ce n’est le doux frémissement d’une belle journée d’été, alors que toute la nature s’épanouit, que chaque petite feuille respire, et que les brins d’herbe eux-mêmes semblent frissonner de bonheur.

Lorsque les vociférations du soldat reprenaient, ce n’était plus cela ! Mille diables n’auraient pas fait plus de bruit.

« Où est-il, ce vieux maudit ? »

Ivan sentait qu’il s’était attardé ; d’un violent coup de pied, il ouvrit la porte, et, le sabre en main, il apparut sur le seuil, tournant alternativement la tête à gauche et à droite, comme un homme indécis sur la direction qu’il doit donner à ses coups.

« Que le diable m’emporte, si je sais de quel côté je dois tourner ! » s’écria enfin le soldat furieux.

Il fit rapidement le tour de la cour, fendant l’air de la lame de son sabre, piquant ici un mur, là un