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Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/218

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MAROUSSIA.

cessaire : leurs yeux cernés brillaient d’un feu fiévreux ; leurs figures étaient brûlées par le soleil et leurs vêtements couverts de poussière ; leurs lèvres étaient sèches, leurs pieds meurtris.

Néanmoins, ils marchaient courageusement et causaient avec calme et sérénité.

À l’exception de quelques rencontres imprévues d’hommes qui se trouvaient on ne sait comment sur leur chemin, et qui échangeaient à peine un mot et quelquefois rien qu’un signe avec Tchetchevik, ils ne rencontraient d’ordinaire pas âme qui vive.

Tout était silencieux et désert ; souvent ils avaient vu des maisonnettes en ruines, des murailles calcinées, des fermes détruites, des champs dévastés, des jardins ravagés, des troncs d’arbres à moitié brûlés, noirs d’un côté, encore verts de l’autre, à demi morts, à demi vivants.

Pour le moment, ils avaient sous les yeux un village récemment incendié ; un peu de fumée s’élevant au-dessus de chaque amas de décombres en marquait la place.

À l’extrémité de ce qui avait dû être une rue, ils découvrirent les margelles ébréchées d’un puits.

« Un peu d’eau fraîche te fera du bien, » dit Tchetchevik à Maroussia.

Il plongea sa main dans un sac attaché à ses épaules, il en retira une petite écuelle en bois, et, écar-