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Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/245

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À GADIATCH.

Le vieux musicien ambulant, que le lecteur connaît déjà, se trouvait aussi dans cette foule, accompagné, comme toujours, de sa petite amie qui regardait respectueusement la maison de Dieu.

Il s’était assis sur une marche du perron de l’église, comme un homme accablé de fatigue, et, d’une voix lente et grave, il racontait à un nombreux auditoire qui l’entourait par quelles épreuves doivent passer les âmes des trépassés avant d’atteindre le céleste séjour. « C’est sur la terre, par des efforts constants, qu’il faut mériter le ciel, » dit-il en finissant.

Après avoir fini son récit par un soupir auquel répondirent les soupirs de la plupart des assistants, le vieux musicien semblait être tout à coup tombé dans une rêverie profonde, ainsi qu’il arrive souvent aux êtres pieux qui oublient la terre pour le ciel, et ses yeux pensifs erraient sur les lieux environnants qui commençaient à sortir de l’ombre.

Le silence qui s’était établi fut interrompu par l’arrivée de deux jeunes Cosaques. Ceux-ci se faisaient remarquer par leurs moustaches prodigieusement longues, par leur taille admirablement bien prise et flexible, et par une élégance particulière à ceux qui visitent souvent les nobles assemblées et figurent dans les grandes réceptions.

« Bonjour, bonjour, disaient les jeunes Cosaques ; et ils ôtaient, puis remettaient leurs bonnets avec tant de grâce, qu’on aurait pu penser qu’ils ne s’oc-