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MAROUSSIA.

Eh bien, tâche d’apprendre la chanson du bandit : une belle poésie ! Tu as vraiment là un fort joli théorbe ! Je voudrais l’admirer de plus près. Passe-le-moi, mon vieux.

— Le voici, Votre Excellence, répondit le vieux chanteur en lui présentant l’instrument en question. Regardez-le bien, examinez-le, et vous verrez que c’est un vrai trésor. »

Le seigneur russe tira, en riant beaucoup, quelques sons discordants de l’instrument primitif, s’assit sur une marche de la terrasse un peu au-dessus du vieux musicien, et répéta encore :

« Un fort joli théorbe, ma foi ! »

Tout en admirant le théorbe, le seigneur russe ne le regardait guère ; en revanche il observait, sans le faire paraître, le propriétaire du fameux instrument. Mais le propriétaire du théorbe, quoique homme excessivement modeste, à en juger par les apparences, ne se montrait pas gêné par ces regards indiscrets, pas le moins du monde !

Avec tout le respect dû à un personnage haut placé, mais sans embarras, sans se déconcerter, il expliquait à Son Excellence le mécanisme du théorbe. On eût même dit que ces explications, au lieu de le rendre confus ou timide, l’amusaient beaucoup.

« Sais-tu que cet objet d’art, si tu le vendais, te rapporterait de quoi te reposer pour longtemps ?

— Je le sais, répondit le rapsode, mais le bon