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LA PETITE MAROUSSIA.

quelqu’un du dehors, le tirant en arrière, l’arracha de la fenêtre. La figure d’un autre officier se montra.

« Femme, dit celui-ci, le feu aura raison de votre porte et de la maison tout entière, et pas un de ses habitants n’en sortira vivant, si cette porte ne livre pas immédiatement passage à nos hommes. »

La maîtresse de la maison, comme folle de terreur, se précipita alors sur sa porte ; mais, soit maladresse, soit épouvante, il semblait que clefs ni verrous ne pussent lui obéir. « J’ouvre, disait-elle, j’ouvre, mes seigneurs, ne le voyez-vous pas ? Mais cette serrure me fait perdre la tête ; il me faudra dès demain la faire arranger. »

Enfin la porte s’ouvrit.

Dieu sait que cela avait pris assez de temps. Soldats et officiers se précipitèrent dans la cabane et se mirent à en visiter tous les coins. On eût dit des loups en quête de leur proie tout à coup disparue.

Le plus petit des garçons, éveillé en sursaut, jetait des cris perçants. L’aîné regardait tout et ne bronchait pas.

« Braillard, te tairas-tu ! » dit un des officiers au petit frère qui criait.

L’officier à la figure rouge ne lui dit rien, mais d’un coup de pied il l’envoya rouler, muet enfin de terreur, sous le banc même sur lequel il venait de dormir.