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MAROUSSIA

remplaça tout sur son mâle visage. Sa main puissante, accoutumée à manier les armes meurtrières et les rudes engins, se fit plus douce que celle d’une mère pour Maroussia ; son regard se mêla plein de tendresse au regard de Maroussia. La confiance était faite entre eux deux. Maroussia retrouva la parole.

« La rivière ne conduirait pas par là à Tchiguirine. C’est à Tchiguirine que tu dois te rendre. J’ai pensé à un moyen d’y aller.

— Je t’écoute, mon enfant, répondit le fugitif.

— Allons d’abord près de ce vieux mur, lui dit-elle, il nous cachera. »

Une fois derrière le vieux mur :

« Là-bas, dit-elle, au loin dans la steppe, mon père a une petite cabane, une étable, où on laisse les grands bœufs en été quand on fait les foins, pour ne pas les ramener à la maison tous les soirs. Un gros chariot tout chargé de foin est devant la porte, qui devait être ramené demain par le père. Les bœufs attendent le lever du jour à l’étable. Nous serons là, toi et moi, dans une heure. Alors j’attellerai, nous attellerons les grands bœufs ; tu te cacheras dans le foin, et je te conduirai d’abord à la maison de maître Knich. Maître Knich est un ami de mon père et de tous ses amis. Il vient chez nous, et quand il vient, il cause avec les autres. Je pourrai tout lui dire, ou bien si tu ne veux pas, je ne dirai rien à maître Knich, mais je tâcherai de faire… de faire… »