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Page:Stahl - Maroussia, 1878.djvu/83

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UN CONTE DE BRIGANDS.

« — À cheval ! cria-t-il, à cheval et ventre à terre ! »

« Ils piquèrent des deux et partirent comme des coups de canon.

« Il était temps ; la pauvre femme ne pouvait plus se tenir ; elle se laissa choir sur l’herbe au risque de se tuer. »

Maroussia, en ce moment, fit un pas en arrière :

« Entends-tu ? dit-elle.

— C’est un coup de feu, lui répondit l’envoyé ; c’est le troisième depuis que nous marchons. Mais que cela ne t’inquiète pas, c’est devant nous et assez loin. Dans des temps comme ceux-ci, les fusils partent tout seuls et partout. Ce n’est pas dans notre direction qu’ils se tirent ni dans celle de la maison de ton père.

— Tu es sûr ? dit-elle.

— Très-sûr. Si tu entends de nouvelles détonations, n’y prends pas garde. Il faut se faire à ces bruits-là, et reviens à ton histoire.

— La pauvre femme est par terre. Je ne sais pas au juste combien d’heures elle y resta évanouie, dit Maroussia. Quand elle revint à elle, la nuit n’était plus si noire ; un coin du ciel était déjà tout rose. Les oiseaux commençaient à se réveiller, et l’herbe, tout humide de rosée, semblait parsemée de perles blanches. Elle trouva encore assez de force pour étancher le sang de ses blessures. Elle mit son fin